dimanche 8 mai 2016

Arrêtez d'essayer de m'inclure dans votre Fête des mères, ça ne me concerne pas

Je ne suis pas mère. Ni d'enfants, ni de chats.
Je refuse cette notion qu'il faille que toutes les femmes soient maternelles et que même sans enfants, nous le soyons envers nos animaux de compagnie, nos ami.e.s, nos conjoint.e.s
Je ne suis pas mère.

Je ne suis pas maternelle.

Je suis une excellente amie. Je suis loyale, fidèle, remplie d'amour, câline, attentionnée. Ces mots ne sont pas synonymes de maternelle ni de femme. C'est simplement moi. D'autres sont différentes.

Être mère, c'est autre chose et c'est un titre et une vie que je refuse et qui ne m'intéressent tout simplement pas.
Fêtez les mères autant que vous le voudrez, aujourd'hui - et tous les autres jours de l'année -, moi, je me contente avec plaisir de la Fête des non-parents* qui me représente mieux.
Signé,
Une fière non-maman.

*Je ne sais pas si j'organiserai une Fête des non-parents, cette année. Je manque vraiment de temps. Ceci dit, tout le monde peut en organiser une, ce concept n'appartient à personne et donc tout le monde peut se l'approprier.

jeudi 25 février 2016

Utiles, oui, mais égaux?

On m'a reproché dans mon dernier billet d'avoir osé comparer les parents et les non-parents. Beaucoup de gens sont désormais prêts à admettre que les non-parents puissent avoir une certaine utilité dans la société et qu'enfanter n'est pas la seule manière d'être utile. (Je dis beaucoup, mais ma boîte de courriel remplie de messages d'insultes me rappelle que ce n'est pas encore tout le monde qui est prêt à comprendre que le non-désir d'enfant peut être légitime et qu'il est réellement possible pour une femme de « réussir » sa vie sans enfants.) Par contre, sous-entendre que les non-parents puissent être égaux aux parents, alors là, c'est un crime de lèse-majesté.

Trop occupée à changer le monde,
Rosa Parks n'a pas eu d'enfants.
Faudrait quand même pas pousser trop loin.
« Oui, oui, vous avez le droit de pas vouloir d'enfants, on peut comprendre, on pourrait même dire que vous êtes quand même utiles à la société, mais vous n'avez pas le droit à la même reconnaissance que les parents, quand même, faudrait pas charrier, là. »

Et pourquoi pas?

Vouloir l'égalité ne veut pas dire que nous soyons en tous points identiques. Je crois très important que les hommes et les femmes soient (un jour) égaux. Cela ne veut pas pour autant dire que je crois que les hommes et les femmes soient identiques. Vous me voyez venir, n'est-ce pas? Je crois sincèrement que les parents et les non-parents sont tout aussi utiles à la société. Pas de la même manière, évidemment.

Et je vais même aller plus loin en affirmant que le droit à le reconnaissance n'est pas l'apanage des parents. J'en ai un peu ras-le-bol du discours de certaines (parce qu'on s'entend, même en 2016, ce sont encore les femmes qui se tapent le gros du travail d'élever des enfants) qui croient que tout leur est dû parce qu'elles ont eu des enfants. Wô menute. Avoir des enfants, comme ne pas en avoir, est un choix.

Tous les non-parents sont aussi riches
qu'Oprah Winfrey, c'est bien connu.
Dans mon dernier billet, j'ai parlé de la contribution économique des non-parents à la société. N'étant pas économiste, je me suis basée sur les recherches de Lucie Joubert (dans son excellent L'envers du landau) et de Laura Carroll (dans le tout aussi excellent Baby Matrix) pour jeter de la lumière sur certains faits que personne ne mentionne sous peine de se faire jeter des pierres. Mais oui, c'est un fait, (tsé, même Gérald Filion et Radio-Can l'affirment)  les non-parents contribuent financièrement pour de nombreux services sociaux dont ils ne se prévaudront jamais. Et je le répète une deuxième fois : ça ne nous dérange pas. C'est le principe même de notre société. Tout le monde paye pour le système de santé, même ceux qui ne sont jamais malades. Et c'est ben correct de même. Mais tsé... on pourrait, nous aussi, demander un peu de reconnaissance pour notre apport à la société.



« Mais noooon, tu pousses trop loin, Magenta. Bon, on te permets de pas avoir d'enfants, on dit que t'es peut-être utile, tu vas quand même pas faire une Bianca Longpré de toi et dire qu'on t'en doit une. » Ben non! Personne ne me doit quoi que ce soit. Et en retour, je dois fuck-all aux parents itou.


Betty White applaudit les non-parents
comme elle.
Quand je parle de reconnaissance, je ne dis pas qu'on devrait ériger des monuments en notre nom, que le gouvernement devrait baisser nos impôts, que les parents devraient s'incliner bien bas devant nous. Pantoute. Mais j'aimerais bien que les gens arrivent à reconnaître (d'où le mot reconnaissance, z'aviez compris?) nos différentes contributions au monde dans lequel nous vivons. De la même manière que les non-parents reconnaissent qu'élever des enfants est très demandant et demande beaucoup de temps et d'énergie. Par exemple.

Bref personne ne doit rien à personne, sauf un modicum d'empathie. Parce que l'empathie, ça ne doit pas être à sens unique, vous savez. Ce n'est pas qu'à moi de dire à une collègue nouvelle maman : « Pauvre toi, t'as pas beaucoup dormi, la nuit dernière. Ça doit pas toujours être facile, hein? » On peut aussi me dire : « Man, ça doit pas être facile à tous les jours de te faire ramasser sur Internet dès que tu dis que tu veux pas d'enfants. » Un exemple, de même. Je sais pas trop où je l'ai pris, celui-là.

Katharine Hepburn te juge, non pas
parce qu'elle a pas eu d'enfants,
mais parce qu'elle est tannée
de cette guéguerre saugrenue.




Fait que on peut-tu enterrer la hache de guerre une bonne fois pour toutes et arrêter de comparer point par point chaque seconde de la vie d'un parent et d'un non-parent pour savoir qui est le plusssssse meilleur être humain ever? Tout le monde sur cette terre a de la valeur. Tout le monde est utile. Tout le monde est (ou devrait être) égal. Point à la ligne. Chantons Kumbaya autour d'un feu de camp, prenons-nous par la main pis Give Peace a Chance, 'stie.


mercredi 24 février 2016

J'ai pas d'enfants et je ne te dois rien!

Chère Bianca Longpré,

pourquoi as-tu décidé de stigmatiser, avec ton article, celles et ceux qui ont pris la décision bien réfléchie de ne pas avoir d'enfants au lieu d'essayer de nous comprendre? C'est pourtant pas très difficile, ça prend juste un modicum d'empathie. J'ai même réalisé un film sur la question de la non-parentalité. Allez, va le voir, ça va t'aider.

Je vais te confier un secret, tsé, ça a jamais été un concours de qui est le plus égoïste au monde, les parents ou les non-parents? Ce truc-là, ça a été inventé par des parents mal dans leur peau qui cherchent à justifier leur choix de vie et en se remontant en pilant sur la tête des autres et repris ad nauseam par des médias sensationnalistes. Et je vais te révéler un punch : on est tous égoïstes, les humains. Qu'on soit parent ou non-parent. Et il nous faut un peu d'égoïsme pour survivre, sinon on se ferait marcher dessus comme un paillasson à longueur de journée.

Ce que tu appelles l'égoïsme, c'est en fait l'écoute de soi et de ses besoins au lieu de crouler sous la pression que toute la société et des gens comme toi nous mettent constamment sur les épaules pour qu'on rentre dans le moule.

Tes faux arguments, ça fait des décennies qu’on les entend.
« Et plus tard, dans 30 ans, qui fera tourner l'économie? (...) [Les futurs enfants] feront rouler l'économie, les caisses de retraite et seront la main d'œuvre pour nous, les vieux, et même pour les vieux qui ont décidé de ne pas avoir d'enfant. Dans 30 ans, ceux qui ont décidé de ne pas avoir d'enfant vont quand même toucher leur retraite, vont profiter des services sociaux, des services publics, etc... Les gens qui «n'étaient pas faits pour avoir des enfants» vont profiter des mêmes avantages que ceux qui ont dû faire plusieurs sacrifices en ayant des enfants.

Et bien que de nombreux livres aient été écrits sur le sujet, qu’à toute évidence, tu n’as pas lus, laisse-moi résumer le tout.

Ahem. Premièrement, tous les travailleurs payent toute leur vie pour leur propre retraite. Parents, non-parents, Ensuite de ça, qui fait des enfants pour avoir une retraite dorée? Qui fait des enfants pour le gouvernement, pour la patrie, pour l'économie? Un autre scoop : PERSONNE. On fait des enfants parce qu'on a un désir d'enfant. Aussi simple que ça.

Je ne veux pas du tout rentrer dans un débat de « qui paye plus » qui est à mon sens vide. Il faut plutôt s'ouvrir les yeux sur ce que l'AUTRE apporte de différent à la société.

Mais pour contrer ta liste de griefs à notre encontre, laisse-moi t'en pondre une petite de mon cru. 
-Les non-parents n'ont pas de crédits d'impôts ou de rabais de la Ville pour l'achat d'une maison
- ils ont a un taux d'imposition généralement plus élevé que les parents
-ET ils payent pour : 
- les garderies,
- les pédiatres,
- les écoles,
- les congés parentaux, etc., et ce, sans pour autant utiliser les dits services.

Et sais-tu quoi? On ne s'en plaint pas, nous. On voit ça comme étant normal puisque nous faisons partie de la société. C’est comme redonner au suivant, comme tu dis. Sauf qu’encore une fois, je vais te contredire en écrivant qu’avoir des enfants n’est pas la SEULE ET UNIQUE manière de contribuer à la société et de donner aux autres.

Sais-tu également que les non-parents ont un taux d'absentéisme bien moins élevé au travail que les parents puisque ça n'arrive jamais qu'ils doivent s'absenter tout une journée parce que Junior est malade ou que Benjamin a un match de soccer? Mais ça, évidemment, tu ne le vois pas quand tu tombes dans la simplification excessive :  « parents = altruistes, non-parents = égoïstes et inutiles à la société ».

Pour être honnête avec toi, j’en ai ras le bol de devoir justifier mon existence à des gens comme toi. Je l’ai déjà fait en 2011, je t’invite à me lire sur la question. C’est triste de constater que cinq ans plus tard, on nous fait encore les mêmes reproches. Jamais je n’oserais demander des comptes à quiconque quant à la manière dont ils seront utiles à la société. Ça nous plonge dans tout un débat moral sur la question de l’utilité et de la valeur d’une personne. Premièrement, tout ça est bien subjectif, et deuxièmement, il serait souhaitable d’éviter de tomber dans l’utilitarisme. Souhaite-t-on vraiment faire des enfants juste pour créer d’autres producteurs et consommateurs? J’ose espérer qu’on fasse des enfants pour d’autres raisons que pour être des bâtons de vieillesse et des payeurs de taxes.

Au final, ton article, il servait à quoi à part stigmatiser les non-parents? Penses-tu vraiment nous faire changer d’avis? Penses-tu vraiment qu’il soit souhaitable pour une personne qui ne veuille pas du tout d’enfant de ne pas s’écouter et de donner naissance à un être qui ne la rendra (fort probablement) pas heureuse?

En lisant entre les lignes, je comprends bien que tu diriges mal tes flèches envenimées. Tu nous cibles, mais en fait, c’est le système capitaliste qui te fait chier. Tu n’as pas assez d’argent pour contribuer à tes RÉER, tu es trop imposée, tu manques de reconnaissance, tu travailles trop. Sûrement. Comme beaucoup d’entre nous, avec ou sans enfants. Alors au lieu de t’attaquer à des gens qui ont choisi de ne pas avoir d’enfants pour des raisons qui leur sont propres et qui n’ont pas à se justifier, participe donc à faire changer le système pour que justement tes enfants n’aient pas à vivre la même chose que toi dans 30 ans.

Magenta Baribeau
Une non-mère utile parmi tant d'autres

PS: Hé, j'ai écrit une suite. C'est ici