mardi 17 mars 2015

Une fête des non-parents à Montréal

Bonjour, chères lectrices et non-parents,

je suis en train d'organiser une Fête des non-parents à Montréal, ce printemps. À l'instar de celle qui a lieu en Europe depuis 2009, j'aimerais qu'elle se déroule entre la fête des Mères et la fête des Pères.

La formule serait assez simple : une discussion où tout le monde est convié à participer (s'ils le souhaitent), animée par quelques spécialistes (auteurs, conférenciers, etc.) dont moi. Ça se déroulerait un samedi en fin d'après-midi (formule un peu 5 à 7), probablement dans un bar (18 ans et plus et donc pas d'enfants). Le tout serait évidemment gratuit, plus l'achat de vos propres consommations.

Afin d'organiser un événement qui soit le plus intéressant possible, je vous demande votre avis : qui aimeriez-vous entendre (et qui soit domicilié au Québec) ?

J'espère que nous serons nombreux. Je vous reviendrai avec plus de détails lorsque j'en aurai.

dimanche 8 mars 2015

Bonne Journée des droits des femmes

Bonjour, chères lectrices et lecteurs,

je sais, je vous néglige. Mais ce n'est pas parce que je ne pense pas à vous, loin de là. Je suis bien occupée avec mon film et avec ma vie personnelle qui est composée de hauts et de bas.

J'en profite quand même pour écrire un petit mot ici pour souligner la Journée des femmes (et non de LA femme, nous sommes quand même plurielles) et surtout son importance en 2015.

Je suis en pleine lecture de Ainsi soit-elle de Benoîte Groult (écrit en 1974, mais encore d'actualité, malheureusement) que je vous recommande chaudement. Les inepties qu'on a pu penser (et que certains rétrogrades pensent encore) à notre sujet sont éloquentes.

Benoîte note d'ailleurs que notre société a peur du con (lire vulve, n'ayons pas peur des mots). En effet, de nombreuses sociétés continuent à le mutiler de peur que si notre clitoris restait intact, nous courrions jambes écartées telles des animaux sauvages pour attaquer sexuellement tous les hommes que nous rencontrions. (!) Plus près de chez nous, combien d'hommes (et par la bande, de femmes) craignent qu'en ayant un enfant, leur vagin ou celui de leur partenaire, ne soit plus attrayant. Même chose pour le sein qui a d'autres utilités dans la vie que de plaire à l'œil. Tant et aussi longtemps que les hommes verront ce que nous avons entre les jambes comme déplaisant (oh non, il s'y écoule parfois du sang et des bébés sortent par là, ouache!) ou même inexistant (nous n'avons qu'une fente, un vide, et non pas un membre pendouillant comme le leur), nous ne pourrons jamais espérer l'égalité des sexes. Après tout, nous parlons bien de l'égalité entre SEXES. L'égalité des genres, c'est toute une autre histoire! Déjà, faudrait le déconstruire question de cesser de penser de façon binaire. Le genre est multiple et peut-être fluide, si on le souhaite. 
« Les hommes ont toujours été ravis quand nous étions capricieuses, coquettes, jalouses, possessives, vénales, frivoles... excellents défauts, soigneusement encouragés parce que rassurants pour eux. Mais que ces créatures-là se mettent à penser, à vivre en dehors des rails, c'est la fin d'un équilibre, c'est la faute inexpiable. » (Benoîte Groult, Ainsi soit-elle)

Alors osons sortir des rails. Osons déranger. Osons répliquer. Osons demander. Osons parler de nos menstruations. Osons vivre sans avoir d'enfants. Osons faire des métiers soi-disant masculins. Osons être poilues. Osons sortir du carcan qui nous a été attitré et cessons d'essayer de plaire à l'autre, cet autre qui ne nous respecte pas telles que nous sommes. Osons être cohérentes avec celles que nous sommes réellement : des femmes et non LA femme, toutes différentes mais espérons-le, solidaires.

Je vous souhaite donc une année 2015 où nous nous serrons les coudes entre femmes et cesserons de nous juger entre nous. Finis les regards de jugement au sujet de la taille ou du poids d'une de nos sœurs. Finies, les blagues de blondes qui sous-entendent la stupidité des femmes. Finis, les commentaires désobligeants sur la soi-disant masculinité d'une telle qui ose déroger aux normes sociales. Encourageons-nous plutôt mutuellement à être des personnes uniques et belles avec nos bourrelets, nos rides et nos boutons, nos vergetures, nos cheveux blancs, nos ongles cassés, nos jambes et lèvres supérieures poilus. Si nous ne commençons pas à nous accepter et à nous soutenir, nous n'arriverons jamais à faire changer le standard de beauté dont nous sommes esclaves depuis trop longtemps. 
 
Et parlant de beauté, peut-on aussi commencer à penser à nous d'autre manière autre que comme objets? Doit-on être belles? Ça me rappelle un peu trop « soit belle et tais-toi ». Si au lieu de mettre tous ces efforts pour être constamment jolies, nous cessions de nous taire et nous essayions aussi d'être vues comme étant intelligentes et non comme des potiches. C'est effarant quand même d'écrire ceci en 2015. J'ai l'impression de parler du gros bon sens ici, et pourtant lorsqu'on écoute ce qui se dit dans les médias, tant au niveau des fictions à la télé que des politiciens, on se rend compte que malheureusement encore aujourd'hui, on s'attend de toute femme qu'elle soit jolie et posée.

Rejetons donc les standards de beauté qui nous ont été imposés et mettons de l'avant nos autres qualités: notre intelligence, notre empathie, notre force, et j'en passe, évidemment. Cessons d'être les douces petites filles modèles et emboîtons plutôt le pas de Sophie* qui est un personnage beaucoup plus intéressant que ses cousines si parfaitement féminines qu'elles tombent dans l'oubli.





*Pour celles qui n'auraient pas grandi avec la Comtesse de Ségur, je parle ici du livre Les petites filles modèles où Camille et Madeleine (des fillettes calmes, posées et donc modèles) doivent user de patience dans leurs interactions avec Sophie, la fille adoptive d'une voisine cruelle qui est colérique, vive, curieuse (donc masculine), gourmande... des traits qui lui sont reprochés et qu'elle devra corriger si elle aussi veut devenir une « vraie dame ».